Je fus emporté par le mirage des lumières scintillantes qui brillaient dans l'allée des bateaux, se dévoilant devant moi telle une scène fantomatique. Puis, soudain, un éclat de rire profond et débridé me transporta dans un autre rêve, celui où régnait une aristocratie opulente et où des bals scintillants offraient le théâtre idéal aux grandes performances de la haute société.
Une comtesse, coiffée d'une imposante perruque blanche, savourait sa soirée, ses rires se mêlant à ceux de ses compagnes. Leurs coiffures poudrées semblaient se fondre dans la cascade de lustres, tandis que les bougies tenaces vacillaient avec défi, comme pour résister à l'éclat perçant des lumières des bateaux qui scintillaient au-dehors. Deux mondes se fondaient l'un dans l'autre, le scintillement moderne de Monaco et le fantôme d'un autre siècle, laissant une large place à l'imagination, à un saut dans le temps. À l'intérieur de la Salle des Palmiers du Sporting de Monaco, les grandes portes cessèrent d'être de simples portes, elles devinrent des portails. Franchissant leur seuil, on pénétrait non pas dans une salle de bal, mais dans une autre dimension, une époque où l'opulence était monnaie courante, la décadence une coutume et les tenues extravagantes la loi tacite de la haute société.
Et me voilà, prise entre deux siècles. Un instant, le ronronnement moderne des moteurs et le scintillement des lumières des yachts au-dehors. L'instant d'après, le bruissement des robes de soie, le parfum âcre des perruques poudrées et l'éclat des chaussures cirées dessinant des menuets sur le sol de marbre. Un duc s'inclina, son manteau chargé de broderies, et l'espace d'un instant, je faillis faire une révérence, comme si j'avais moi aussi été entraînée dans la mascarade.
La musique s'amplifia, les violons s'élevant dans des mélodies qui traversent le temps et pourtant vivent dans cette pièce comme si le temps lui-même obéissait à leurs ordres. Les rires des cavaliers résonnaient comme des cloches, les flûtes de champagne scintillaient, et sous les lustres, j'aperçus des silhouettes qui auraient aussi bien pu être des fantômes, ou peut-être que j'étais le fantôme, m'immisçant dans leurs réjouissances.
Je me retournai, m'attendant presque à ce que les murs se referment sur la réalité moderne. Mais au lieu de cela, la Salle s'approfondit, devint vaste, infinie, ses miroirs s'étirant tels de purs reflets, créant des souvenirs comme tirés du passé, ravivant des époques, composant des tranches de temps à partir d'un autre cadre. Chaque pas me transportait plus profondément dans un siècle qui n'était pas le mien, où la décadence du passé et l'éclat du présent coexistaient, entrelacés comme des danseurs à jamais enfermés dans une valse.
Je m'enfonçai davantage, et le marbre sous mes pieds ne ressemblait plus à la pierre familière de Monaco. Il était plus chaud, plus sonore, comme poli par des siècles de pas. Un cavalier me dépassa, son manteau brodé d'or, un parfum de musc et de tabac s'échappant derrière lui. Il me jeta un bref coup d'œil, non pas avec suspicion, mais avec la courtoisie désinvolte réservée à quelqu'un qui appartient à la maison.
Un serviteur, en livrée, apparut à mes côtés sans un bruit et me mit une coupe en cristal dans la main. Le champagne pétillait, mais son goût était différent de tout ce que j'avais connu, plus doux, plus riche, une pétillance qui semblait bourdonner au bord de mes pensées. Je bus une gorgée, et la pièce m'attira davantage.
La comtesse à l'imposante perruque rit de nouveau, me faisant signe d'approcher comme si elle avait toujours su que j'arriverais. Ses compagnes se tournèrent vers moi, leurs perruques et leurs bijoux scintillant à la lueur des bougies, leurs sourires à la fois bienveillants et malicieux. Les violons gonflèrent, les danseurs tournoyèrent, leurs robes telles des océans de soie frôlant les manteaux de brocart, et je sentis le rythme me tirer.
Un cavalier tendit la main, un archet si fluide qu'il semblait répété depuis des siècles. Ses yeux brillaient de reconnaissance, bien que nous ne nous soyons jamais rencontrés. Ou l'avions-nous déjà fait ? Avec hésitation et émerveillement mêlés, je plaçai ma main dans la sienne, et il me conduisit au centre de la piste.
La danse commença et, tandis que nous tournoyions, le temps se déroula. Les lustres se fondirent dans la lueur des yachts, les perruques poudrées se fondirent dans le scintillement des bijoux modernes, les violons s'entremêlèrent à l'écho lointain du rythme d'un DJ venu de l'autre côté du port. Deux siècles, deux mondes, glissant l'un sur l'autre comme des voiles.
Et, à cet instant précis, je réalisai que ce n'était pas seulement un rêve, mais une réalité imaginée où je m'abandonnais complètement. C'était une rêverie partagée à travers le temps, un couloir secret où le passé s'avançait et le présent se penchait en arrière, se rencontrant dans une nuit unique et sans fin. Et j'étais dans cette tranche de temps.
Au cœur de tout cela, telle une flamme saphir guidant la nuit, se tenait Delia Noble. Drapée dans une longue robe bleu océan, elle était à la fois muse et maestro. Sa vision avait tissé la soirée comme des vagues cousant des perles sur le rivage, et maintenant sa création allait se dévoiler telle une symphonie de surprises.
Les premières notes s'élevèrent d'une voix unique : une soprano, son chant planant au-dessus des lustres, tremblant comme du cristal sous le poids des étoiles. Tous les invités se figèrent, enchantés, comme si l'air lui-même s'était transformé en velours. Puis, comme si le chant les avait appelés des replis du temps, des danseurs de ballet entrèrent dans la salle, leurs pas légers commedes murmures. Ils virevoltaient entre les tables, la soie blanche flottant derrière eux telle de l'écume au vent.
Soudain, l'air changea, plus lumineux, plus rapide, les rideaux frémirent de rires lorsqu'une troupe de danseuses de French Cancan fit irruption, leurs jupes étincelant de rouge et de blanc flamboyants, dansant haut dans la joie audacieuse des nuits parisiennes. Les nobles applaudissaient, les duchesses haletaient, les marquises riaient, et la salle elle-même semblait respirer l'euphorie.
Mais Delia, avec cette lueur secrète dans le regard, avait gardé le final pour la fin. D'un subtil hochement de tête, la musique se transforma, les violons se fondant en rythmes électriques. Un DJ surgit de l'ombre, mêlant rythmes modernes et grandeur d'antan. Les lustres pulsaient au rythme, les robes et les smokings se fondirent dans un tourbillon de mouvement, et soudain, le Grand Bal cessa d'être ancré dans les siècles passés. Il était vivant, présent, ici. Les aristocrates dansaient côte à côte avec les artistes, les cavaliers faisaient rire les duchesses, et la nuit elle-même devint intemporelle, un pont entre héritage et battements de cœur.
Et, au cœur de tout cela, Delia brillait plus que tout, sa robe bleue incarnant à la fois la tradition et le lendemain, l'alchimie secrète d'une nuit où la magie refusait de s'éteindre. La rêverie perdure dans le cœur de chacun.
Par Andra Oprea



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